Les animaux de compagnie, un marché aux forts leviers de croissance

Le marché, dominé notamment par Nestlé, devrait atteindre les 350 milliards de dollars d’ici 2027. Et il suscite des appétits, entre introduction en Bourse et rachats de sociétés.

Les rôles ont été renversés. L’an passé, en mode Covid, ce sont plutôt les maîtres de maison qui ont fait la fête à leurs animaux domestiques. Faute de pouvoir interagir avec leurs semblables, les humains ont créé ou recréé du lien avec de fidèles compagnons qui avaient rarement été aussi chouchoutés. Pour le seul Royaume-Uni, ce sont trois millions d’animaux qui ont trouvé une famille d’accueil en 2020. Et les dépenses qui leur sont consacrées ont suivi le mouvement.

S’ils n’apparaissent pas souvent sur le radar des économistes ou des instituts de la consommation, les animaux de compagnie n’en forment pas moins un marché conséquent. En Europe, plus d’un ménage sur trois possède au moins un animal de compagnie. L’Union européenne abrite ainsi 80 millions de chats, 70 millions de chiens et 52 millions d’oiseaux. Aux Etats-Unis, ce sont une centaine de millions de chiens et autant de chats qui tapent dans les budgets : 1400 dollars à l’année pour un chien et 900 dollars pour un chat. Au cours de ces dix dernières années, les dépenses des Américains pour leurs animaux ont plus que doublé.

A l’échelle mondiale, entre les aliments, les produits et les soins, le marché des animaux domestiques est passé de 216 milliards de dollars en 2020 à 232 milliards en 2021. A un rythme annualisé de 6% sur lequel les analystes s’accordent, il devrait atteindre 350 milliards de dollars d’ici 2027. Hors Covid, les leviers de croissance ne manquent pas, en effet. Aux Etats-Unis, près de la moitié des propriétaires dépensent autant en soins de santé pour leurs animaux que pour eux-mêmes. Et dans la tranche senior, la présence d’un animal domestique au domicile est devenue ces dernières années un facteur clé influant sur le bien-être et la santé.

Les perspectives sont particulièrement attrayantes pour les acteurs qui animent ce secteur. A ce jour, il est dominé de la tête et les épaules par Mars et Nestlé Purina, suivis d’assez loin par des entreprises, toutes américaines, comme J.M. smucker, Hill’s Pet Nutrition, et General Mills. En 2020, la branche «petcare» de Nestlé est devenue le deuxième contributeur de la société en termes de revenus avec 14 milliards de francs. 

Une marque haut de gamme

En revanche, la croissance des produits animaux en 2020, située autour des 10%, a largement dépassé celle du groupe, limitée à 3,6%. Un point intéressant est que le best-seller de la gamme, Purina Pro Plan, est une marque haut de gamme. Ses excellents résultats illustrent une tendance de fonds qui anime ce marché : les dépenses effectuées pour les animaux domestiques rentrent dans les cadres de la consommation de base alors qu’elles ont plutôt relevé, jusqu’à présent, de la consommation discrétionnaire. Au-delà de l’alimentation, les segments liés aux soins, aux diagnostics, aux médicaments et aux assurances profitent également de ce boom.

L’autre dynamique qui marque l’évolution de ce marché a trait aux ventes en ligne dont la croissance est spectaculaire. Depuis 2013, elles ont presque quadruplé. En mars 2020, pour ne prendre que cet exemple, elles ont bondi de 51%. Une poignée d’enseignes se sont plutôt bien positionnées sur ce segment. Il en va ainsi de Chewy, acteur dominant capitalisé à près de 30 milliards de dollars, de PetSmart et de Petco aux Etats-Unis ou de Fressnapf, Zooplus et Pets at Home en Europe. Grâce à ses 5,4 milliards de revenus générés en 2020, PetCo est entrée sur le Nasdaq – sous le ticker «WOOF» – en janvier 2021.

En Europe, Hellman & Friedman a proposé récemment 2,8 milliards d’euros pour acquérir Zooplus, un site d’e-commerce basé en Allemagne et dédié aux articles pour animaux domestiques. Il s’agit d’une valorisation impressionnante. L’offre présentée correspondait à une prime de 40% par rapport au cours atteint par l’entreprise au mois d’août. Fin septembre, EQT Partners, fonds d’investissement suédois, a proposé plus de 3 milliards ! Les appétits ainsi exprimés rendent ce marché d’autant plus attrayant dans sa globalité.

Roberto Magnatantini, DECALIA  Senior fund manager